LE PRINCIPE DE LEGASSOV

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LE PRINCIPE DE LEGASSOV

LE PRINCIPE DE LEGASSOV

création 1993

Texte
Bernard Noël

Mise en scène, scénographie
Michel Mathieu

© photos Bruno Wagner

 
 

A PROPOS DU SPECTACLE

Cette réalisation inaugurait le « Cycle du canard sauvage ». Et ouvrait le premier cercle : le cercle de Prométhée.

Nous avions appris par un biologiste ami, que dans la région de Tchernobyl, dans les marais du Pripyat, logeaient de nombreux oiseaux, dont des canards migrateurs qui avaient leur siège d’hiver au bord du lac Tchad, où ils constituaient une source précieuse de protéines pour les habitants de cette zone. Sauf que contaminés par la radio-activité liée à l’explosion, ils la transportaient avec eux pour la transmettre aux résidents de cette zone. Cette histoire nous semblait emblématique des inter-connections de la mondialisation technicienne.

A partir de là et à l’appui d’une documentation rigoureuse, nous avions créé un scénario de jeu qui se déroulait dans une enceinte circulaire et était rythmée par des courses évoquant le transfert des oiseaux.

Un groupe d’exilés arrivait au milieu du public et prenait place avec les spectateurs dans les gradins. Nous avions écrit un premier texte « Nuage » mais qui nous laissait insatisfaits.
C’est alors que nous avons contacté Bernard Noël dont nous savions les positions sur l’industrie nucléaire.

En résidence à l’Abbaye des Dames à Saintes, en compagnie de Bernard Noël, qui avait repris notre scénario dans ses grandes lignes, nous avons pu travailler cette nouvelle version, appuyée sur un texte dense et éclairant. Il n’était pas évident pour l’écrivain de faire œuvre à partir d’un scénario, déjà écrit, et qui lui semblait se suffire, néanmoins il accepta et donna à nos gestes et situations une profondeur de pensée dont ils étaient dépourvus au début. Seule la dernière scène de la « mutation » où chaque acteur jouait sa partition est restée ouverte à l’improvisation. Le titre provenait du récit de Legassov, où il s’accusait de sa responsabilité.

Autour de son cadavre -car l’ingénieur en chef s’était suicidé- se déroulait le compte-rendu de la commission d’enquête qui se terminait par l’énoncé du « testament » de Legassov mettant en procès la transformation technique du monde. L’autre point fort qui structurait la pièce était la scène de Prométhée, inspirée du «Protagoras» de Platon.

Ce fut la première collaboration avec ce grand poète, esprit lucide et d’une grande écoute pour chacun et chacune de nous.
Le spectacle fut joué au Théâtre Garonne, puis programmé au Parvis à Tarbes et ensuite à Arcueuil aux rencontres Charles Dullin.
Un inventif travail graphique et signalétique parallèle, réalisé par les Arpètes accompagna le spectacle.
Autour de cette réalisation plusieurs interventions dans l’espace public prolongèrent le questionnement de ce « cycle du canard sauvage » que nous détaillerons dans un chapitre consacré aux actions de la compagnie hors des lieux réservés.

EXTRAITS DE PRESSE

[Yves Marc, La dépêche du Midi, le 15 octobre 1993]
« … Intéressant par ce qu’il dit sur notre société enchaînée comme Prométhée pour avoir trop joué avec le feu du savoir et condamnée comme lui à la mort lente. Le sinistre nuage de Tchernobyl plane encore sur une humanité « qui n’a plus besoin de bourreaux puisqu’elle a des techniciens » et dont on soigne les peurs à coup de messages aseptisés sur l’infaillibilité de la techno-science.
Intéressant aussi parce qu’il met en oeuvre au niveau du jeu, des images, et d’une mise en scène riche, vive, et toujours soucieuse de clarté et de rigueur. Michel Mathieu renoue avec ses inspirations premières pour redonner aux voix et aux corps force et liberté d’expression.
Intéressant aussi par la démarche originale et aboutie qu’il révèle. Bernard Noël n’a pas écrit sur une idée, il a composé un texte – incisif, bien rythmé – dont la fonction est de structurer le travail fondamental d’improvisation auquel se sont au préalable livrés les acteurs…il leur a apporté les mots qu’il faut pour dire ce qu’ils ont à dire. Et il l’a fait avec talent et humilité. C’est un travail collectif passionnas et probant qui redonne au mot création tout son sens.
Intéressant enfin parce qu’il remet sous le bon éclairage la vocation de cette salle à usage variable qu’on avait fini par oublier un peu à force de n’utiliser qu’un rapport frontal scène-gradins. Nous sommes ici dans un cercle parfait dessiné par le public lui-même. Un huis clos qui pourrait être un abri atomique, le dernier refuge des spécimens humains après le bing-bang final. Disposés seulement sur deux rangs les spectateurs se sentent d’autant plus acteurs de ce drame burlesque – on rit souvent – que le jeu va progressivement naître dans le public, et y retourner à tout instant, jusqu’à se briser…pour rappeler à la réalité d’un problème qui nous concerne tous. Car Mathieu a rarement joué pour jouer. Son théâtre reste une mise en garde, une invitation à se ressaisir, à ce réveiller, avant que nous subissions à notre tour le terrible destin des canards mutants de Tchernobyl . »

[Gipé et Nicéphore, les réalités de l’écologie, n° 48]
« … Quand le mythe est créé et que les artistes le véhiculent on peut dire que la culture écolo est née. Même si les spectacles ayant trait à l’environnement sont encore fort rares…il est fort probable que cette pièce entraîne dans son sillage de multiples créations qui formeront cette culture écologique. Une culture qui ne sera pas post-scientifique ni anté-nouvel âge, une culture qui sera celle du respect.
… Nous spectateurs sommes introduits dans une sorte de bunker circulaire où nous nous retrouvons les acteurs d’un spectacle en tournée, qui ont été réveillés en pleine nuit et amenés là, pour attendre…Dans cette parenthèse, il va être question de notre condition, notre destin commun, écrasé par la techno-science, les idéologies aux cadavres pesants, il va être question du politique.
Des choses de la vie prennent place, drôles ou tragiques. Suit un procès des dignitaires soviétiques et autres spécialistes scientifiques du monde entier. On y est submergé par un flot d’informations effrayantes et gravissimes… Ce procès pourrait durer des heures, il ne dure que quelques petites minutes. A nous de chercher, de recouper les faits, ils existent, ils sont publiés… »

[Yvette Lucas, Nouvelles hebdo 31, le 21 octobre 1993]
« … Les spectacles de Michel Mathieu n’ont jamais l’air d’être finis. C’est bien là leur grande qualité : à la suite des acteurs, c’est à nous de reprendre le propos et de le porter dans la vie. »

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