RIVAGE A L’ABANDON

RIVAGE À L’ABANDON,
MATÉRIAU MÉDÉE,
PAYSAGES AVEC ARGONAUTES
d’Heiner Müller
Création 1995
Mise en scène,scénographie Michel Mathieu
Construction, Jean Julliac
Affiche, Ronald Curchod
© photos, François Serveau, Bruno Wagner
Distribution
avec les comédiens habituels de la compagnie
et certaines participantes et participants du théâtre universitaire
A PROPOS DU SPECTACLE
Premier spectacle du « cercle de Médée » deuxième chapitre du « cycle du canard sauvage » cette œuvre constituait une parfaite illustration de l’effet boomerang qui nous avait été révélé par les canards sauvages contaminés de Tchernobyl.
En effet après un premier tableau dressant un tableau morne d’un paysage banal d’un coin d’Allemagne à l’est, et après l’évocation resserrée du meurtre de Médée, le troisième pan du triptyque montre l’épopée catastrophique des argonautes, prototype de toutes les expéditions coloniales.
Pour ce spectacle, nous avons utilisé tous les espaces de ce « forum » dans les escaliers des panneaux lumineux avec des photographies géantes illustraient les phases du récit, sur le palier un acteur suspendu torse nu sur lequel étaient projetées des images de guerre et de destruction. Le premier volet avait pour cadre un immeuble incliné dans les fenêtres duquel s’esquissaient des gestes et des tableaux d’une vie décolorée, tandis que pédalait, disant le texte un Heiner Müller sur son vieux vélo.
Les spectateurs redescendaient et dans le grand hall, Médée, rebelle, jouait son sacrifice en manipulant des chaussures d’enfant ; on entrait ensuite dans la grande salle capitulaire où trônait une gigantesque tête d’éphèbe, que des ménades en noir démontaient pour découvrir à l’intérieur un bloc de trois acteurs immobiles en costumes militaires peints en blanc sur un tas de boites de conserve rouillées, le texte des argonautes était porté par ces trois acteurs tandis que ces ménades, Médée multipliée, évoluaient portant des plateaux de ces mêmes boites enflammées.
Retour dans la salle du haut où une nouvelle Médée droite au milieu de bris de cuvette de faïence blanche, faisait résonner le texte comme un long cri organique, pétrifié.
Spécialement pour le décryptage du premier tableau « Rivage à l’abandon » nous avons été efficacement aidés par Andrea Allerkamp, professeure d’allemand à l’université Jean Jaurès.
Ce spectacle avait réuni les comédiens habituels de la compagnie et certaines participantes et participants du théâtre universitaire. Le spectacle fut ensuite invité à l’université Aix-Marseille.
EXTRAITS DE PRESSE
[C.G. La Dépêche du midi, le 7 Juin 1995]
« …Riche, inventive, souvent brutale, la mise en scène enveloppe d’emblée le public pour le conduire pas à pas et de salle en salle (le spectacle est itinérant) au coeur de cette évocation qui interroge et dérange… »
[Yvette Lucas, Nouvelles 31, le 7 juin 1995]
« … le travail ainsi mené concourt à susciter en nous la réflexion, plus que l’émotion. Non que l’émotion soir absente, mais il ne lui est pas permis de tomber dans le pathos. D’où un travail théâtral exigeant, faisant signe de tout élément de la dramaturgie, qu’il soit décor, objet, agencement gestuel et évolutions (il y a de longs moments sans parole) ounverbae théâtralisé. Le point d’orgue en est l’épisode de Médée, en deux versions différentes qui se répondent l’une à l’autre : l’une baroque, véhémente et promues, celle que nous donne en final Marie-Angèle Vaurs, rauque, dépouillée, jouant uniquement sur les modulations de la voix.
Cette manière de nous faire retrouver ou connaître Heiner Müller m’a paru particulièrement convaincante et propre à nous rapprocher intimement de cet auteur réputé difficile et pourtant si représentatif des inquiétudes et des tourments de notre temps. »