Edito

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État des lieux général

Nous pourrions nous contenter, sous ce titre, de donner les nouvelles du jour qui concernent étroitement notre situation. Cependant nous ne pouvons nous détacher d’un état des choses général, particulièrement tendu et lourd.
Ce qui se passe à Gaza et la passivité de la France et de l’Europe, face au génocide en cours nous interroge et il faut saluer la déclaration en Avignon de plusieurs artistes qui incitait nos politiques à réagir enfin.
Nous nous étonnons du peu de réaction ici à Toulouse et dans la région à cette prise de position, des théâtres les plus importants aux scènes plus intimes, pas de prise de position affichée.

Crainte de rétorsion financière ou indifférence ?
Ce n’est pas le cas, reconnaissons-le, pour la protestation contre les réductions drastiques de financement que connaît la Culture, dans toutes ses composantes qu’il s’agisse de la Ville, de l’État, de la Région, du Département.
Le résultat de ces diminutions, on les connaît, c’est une chaîne qui aboutit au plus petit maillon, l’acteur, le technicien, l’intermittent ou l’aspirant à l’intermittence.

Par en-dessous ce qui se dessine, pour l’ensemble de la diffusion est la tentation de privilégier « les valeurs sûres », c’est-à-dire les « productions » rentables, qui vont remplir au mieux les jauges des salles, en écartant les œuvres « hasardeuses », qui explorent des formes ou des auteurs à risque, en dehors des chemins balisés.
Ce qui est évidement notre cas, depuis le début de notre aventure artistique.

Mais nous persistons, notre prochain projet, pour lequel nous recherchons encore des lieux de résidence et de représentation, est une pièce de Jon Fosse : Ylajali, inspirée du roman de Knut Hamsun, Faim.
Dans cette écriture du silence et de la suspension au plus près des mouvements secrets de l’esprit, Jon Fosse met en jeu l’errance d’un jeune homme tenaillé par la faim et le désir de l’amour.
Une pièce à trois personnages pour une quête inassouvie.
Après Hiver du même auteur, nous avions besoin de revenir à ce défi dramaturgique.

Nous continuons également à proposer nos derniers spectacles : La mère du passeur et Champ Libre dans ce contexte compliqué.

Pour ce qui est de notre action pédagogique la situation est aujourd’hui bloquée.
Les dispositifs réglementaires installés par la Région mobilisent rien que pour l’administration une personne deux ou trois jours par semaine et dans le même temps la Région a réduit le nombre de stagiaires pris en charge.
Nous avions réussi, la saison passée, suite aux exigences financières du Ring, à maintenir notre action en la déportant à Colomiers dans le domaine du Falcou, mais les restrictions actuelles nous obligent aujourd’hui à surseoir cette formation.
Nous ne sommes pas hélas les seuls dans cette situation.

Tout ceci semble bien sombre, mais les obstacles et les difficultés qui atteignent nos professions, préjudiciables en premier lieu pour la jeune génération, obligent à inventer peut-être d’autres modes d’économie ou d’insertion dans les lieux existants ou à venir. Qui sait, après évacuation des fausses espérances, une renaissance ?
La nature a horreur du vide.

En attendant des jours meilleurs et sans renoncer à nos projets et à la transmission, nous avons entrepris d’écrire la longue histoire de la compagnie depuis 1968, avec les témoignages de ceux qui y ont participé, dans l’idée d’une publication.