A PROPOS DU SPECTACLE

Les habitants d’un immeuble se sont réfugiés sur le toit, en effet les blattes familières, remontant par les vide-ordures sont brusquement devenues gigantesques… le thème de cette farce délirante faisait écho à la percée contemporaine du Front National dont il moquait les peurs racistes.

Des personnages clownesques arrivaient un par un sur le toit par un gros boyau métallique ou autres orifices, puis chacun ouvrant un mouchoir posé au sol déterminait son territoire.
Commençait alors une vie quotidienne réinventée dans un décor de tuyaux, de cheminées et autres structures de toit d’immeuble.
Derrière un volet métallique coulissant apparaissaient trois musiciens, Michel Doneda, Jean-Marc Richon et Didier Masmalet, qui rythmaient et sonorisaient cette comédie de la peur, entrecoupée de chants collectifs entonnés par le chœur des habitants serrés dans une bouche d’aération.
Tout ceci sous l’œil vigilant d’un « chef » auto-proclamé, Monsieur Totautard.
Il s’agira de trouver un coupable et d’instituer à cet effet un tribunal populaire pour condamner « Cannelle »,une jolie cantatrice à la voix inaudible.

Les textes des différents épisodes truffés de jeux de mots intégraient des parodies de publicité et des discours horrifiés par la situation.
Celui d’une mondaine « Rita Psurde » surprise par les blattes dans l’exercice délicat du masque de beauté, ou du clochard philosophe « Oscar Babelut » qui délivrait de temps à autre un commentaire désabusé sur ce petit monde agité autour de lui, avec des phrases prises à Nietzsche ou à Baudrillard…

Entre un suicide raté du professeur Van Frut qui saute dans le vide, renvoyé par un Trampolino, une scène de drague, un bal général, un rite de désinfection ou un ballet de brosses à dents, le spectacle enchaînait les moments burlesques et grinçants portés par les sons des souffleurs et le rythme des percussions.

Créé à l’initiative du Centre Culturel d’Albi, le spectacle fut joué à Toulouse au Théâtre Jules-Julien, repris à la Grange-aux-belles et au Festival des Jeunes Troupes de Théâtre de Villejuif, et au Théâtre des Amandiers à Paris « Folies burlesques internationales ».

EXTRAITS DE PRESSE

[Christian Bonrepos, Flash , mai 1984]
« … La  démarche du Théâtre de l’Acte constante ces dernière années de mêler théâtre et musique trouve ici une réalisation heureuse.Le groupe Hic et Nunc tantôt accompagne les choeurs, tantôt donne naissance au mouvement même de la scène, tantôt plante l’ambiance plus surement que ne ferait un élément de décor…

Les comédiens s’agressent, s’agitent d’un bout à l’autre de la scène… faisant d’un simple toit une société totalitaire en réduction.

La fable est amère, les rires nombreux et grinçants, les situations se succèdent, les images jaillissent, bien enchaînées, ce qui n’est pas le moindre mérite d’une création collective. Le comique se brise sur un simple regard. Le quotidien dérape dans l’inquiétude. La beauté plastique de certaines scènes est très réussie: notamment quand toute la troupe effrayée se retrouve dans une même cheminée. La « Nef des fous » de Bosch n’est pas loin.

[Yves Marc,  La Dépèche du Midi, le 24 Mai 1984]
« …Douze personnalités très différentes, chacune conservant son propre mode d’expression gestuelle, mais toutes impliquées dans un jeu dramatique harmonieux, très soutenu, plein de gags et de trouvailles sans cesse renouvelés: une sorte de comédie musicale anarchique qui s’évade des sentiers battus au gré de l’imagination de chacun des acteurs, tout en restant d’une parfaite cohésion… »