A PROPOS DU SPECTACLE
L’idée de monter une « journée » de Nôs, partir de la traduction des 5 nôs modernes de Mishima par Marguerite Yourcenar, suivit la création des « Bonnes ».

« Kantan » fut la première réalisation, suivie par « Bzr » un intermède burlesque et « Hanjo » qui connut deux versions à dates différentes.

Kantan était un spectacle ambitieux, intégrant une distribution conséquente et une interaction avec la musique par le biais d’une bande-son, présente tout au long.
La pièce raconte le rêve de Jiro, avec comme il se doit dans tout nô, la présence des plusieurs spectres qui figuraient ici les différentes épreuves fantasmées de la vie future du jeune-homme, sa rencontre avec les diverses effigies sociales à venir, relation amoureuse, paternité, réussite sociale, argent, politique…
Une thématique assez voisine de l’œuvre de Calderon « La vie est un songe ».

Le dispositif était constitué de panneaux de miroirs mobiles qui avaient la particularité de devenir transparents si l’on éclairait derrière, ce qui permettait tantôt de diviser la scène en deux plans, le réel et le monde imaginaire, tantôt de refléter l’image et de la multiplier éventuellement.
Ainsi la figure de  la Beauté se trouvait multipliée sur plusieurs plans. Nous utilisions le maquillage et le masque, et des costumes singuliers.
Par exemple les médecins, acéphales, vêtus de combinaisons vertes, étaient juchés sur des chaussures à ressort.
Quand ils n’étaient pas directement éclairés sur le plateau, un sol octogonal de laque rouge sombre, les acteurs et les actrices, formaient un choeur voilé derrière les panneaux-miroirs.

EXTRAITS DE PRESSE
[M.C Streicher, La Dépêche du Midi, le 13 décembre 1983]
« …Tout en gardant l’esprit du Nô, il (Michel Mathieu) a réinventé un système de codes plus adapté à la culture occidentale. Il a réalisé un subtil équilibre entre le réalisme et l’onirisme, dosant judicieusement ses effets de mise en scène pour traduire avec force le foisonnement des idées et des images… Formes mouvantes dans la pénombre, bruissement de vêtements, glissement de pas, apparitions-éclairs, le suspense est délicatement ménagé pour emmener le spectateur dans le rêve de Jiro…
Mathieu a réalisé une mise en scène fantastiquement inventive. Il a joué à fond le baroque avec des effets de mouvement, des scènes saisissantes et insolites, jeux d’alternance entre la dérision et l’intensité dramatique. Les personnages, les thèmes, les images, les décors même, se croisent et s’entre-croisent… le parcours haut en couleurs et en émotions est passionnant et interprété avec beaucoup de justesse et de finesse par la foule des comédiens… et figurants.