A PROPOS DU SPECTACLE

Partant de l’épopée homérique, et en gardant certains épisodes essentiels, nous avons voulu prendre la fable comme grille pour dessiner un parcours à travers les moments significatifs de notre modernité.
Avec une perspective inversée du texte grec. Si Ulysse affronte les figures du chaos pour les déjouer par la raison -son habileté-, nous modernes sommes nativement rationnels et les épreuves que nous traversons sont liées à notre nouvelle nature. Ainsi le périple du spectacle qui se jouait sur plusieurs plateaux, avec des aèdes qui introduisaient les scènes et guidaient le public.

Par exemple la descente aux enfers était censée se dérouler dans un asile psychiatrique, où les acteurs « les fous » délivraient au public des monologues empruntés à Antigone et Jeanne d’Arc, ou Napoléon/Hegel…
Plus loin sur un autre plateau, une entremêlement de corps d’où émergeaient des souvenirs confus et des bribes d’airs de Wagner, évoquait les effets de la drogue en référence aux Lotophages, tandis que les aèdes jetaient sur les acteurs des paquets de boue jusqu’à ce que l’un d’eux couvert d’un masque d’argile proférait « Je m’appelle Sharon Tate, j’ai été assassinée le 9 août 1969 dans ma maison de Los Angeles »

Le spectacle avait nécessité un gros travail de réflexion en amont, et une écriture qui passait de montages arrangés de textes existant à la réalisation d’autres plus poétiques, comme dans la scène de Circé ou s’échangeaient des répliques sur le mode de haïkus.
Après une création à Toulouse, le spectacle fut invité à Aix-en-Provence et à la Cartoucherie de Vincennes, en alternance avec Tout-Homme.
Il ne fut pas compris par Colette Godard qui ne perçut pas sa visée profonde et partagea l’équipe du Théâtre du Soleil.

EXTRAITS DE PRESSE

« …Lorsqu’il s’agit de la création collective. d’un groupe, on souhaiterait ressentir ce qui l’a réuni, les motifs de ses refus, les sources de ses rêves, même s’ils sont naïfs…
René Giraudon qui avait vu le spectacle à Toulouse répondit dans une lettre au directeur du Monde où il réfutait cet article, écrivant notamment à propos de la représentation de Toulouse:
« …le spectacle se déroulait alors dans un mouvement à la fois très souple et très ferme, se nouant et se dénouant collectivement de façon remarquable. Le principe d’unité en était visible et la signification simple et claire ; la nouveauté indéniable… »
[Colette Godard « le Monde, 18/09/71]