PSAUME

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Création du Théâtre de l’Acte : PSAUME
  • Avec :
    Julien Charrier
    Jean Gary
    Diane Launay
    Carol Larruy
    Rajae Idrissi
    Yarol Stuber
    Julie Pichavant
  • Lumière : Alberto Burnichon
  • Création sonore : Arnaud Romet
  • Affiche : Ronald Curchod
  • Crédit photos : © Théâtre2 l’Acte, Capucine Sedira & Yohann Allais-Barillot
  • Partenaires : Radio FMR, Théâtre Garonne.
  • Avec le soutien de :
    Mairie de Toulouse
    Région Midi-Pyrénnées
    DRAC Midi pyré­nées
    Conseil géné­ral de la Haute-Garonne
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« Les enfants du gar­dien ces­sent leurs jeux et cher­chent l’or du ciel »

Ce vers d’un des poèmes les plus connus de Georg Trakl, pour­rait bien tra­duire la quête que les actri­ces et les acteurs de la com­pa­gnie ont entre­pris à la suite de Qui Vive !
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Prenant appui sur le poème Psaume s’élabore un théâ­tre tra­gi­que qui se veut le déve­lop­pe­ment de ce moment “d’illu­mi­na­tion” d’un auteur sou­vent consi­déré comme le Rimbaud de la poésie ger­ma­ni­que.

Radicalement ailleurs, réfrac­taire à sa propre demeure – dans cet empire austro-hon­grois à la veille de la grande guerre – Trakl paraît le chan­tre de l’unité perdue ou d’une aube nou­velle. Des fleurs nais­sant de la pour­ri­ture, voilà ce qu’à tra­vers leurs recher­ches en réponse aux mots du poète, les comé­diens cher­che­ront à faire appa­raî­tre.

Poésie imper­son­nelle, déchif­fre­ment du monde, l’oeuvre de georg Trakl trace en creux la pres­crip­tion d’un destin. L’espace du jeu sera ici celui du tran­sit, sans fron­ta­lité ni cen­tra­lité, celui d’un hors cir­cuit, comme le vivent aujourd’hui les migrants ou les rebuts d’une société vacillante. Dans cet hors-temps des plus actuels nous cher­che­rons sur les ryth­mes et les silen­ces du verbe à tracer les signes réin­ven­tant les visa­ges des dieux à venir…

 

 

LA PRESSE

Bernard Noël

« Le propre du poème est d’épuiser toutes les expli­ca­tions que l’on peut en donner, et c’est ce qui empê­chera tou­jours que l’on en fasse un objet de consom­ma­tion. Ou ne sau­rait non plus « l’inter­pré­ter » pour la raison qu’il conteste sa propre repré­sen­ta­tion, mais on peut, à partir de lui, tenter de créer des ins­tants d’équivalence. Défi que Michel Mathieu à la fois relève et lance au Psaume de Georg Trakl. Il ne le met pas en scène : il com­pose une suite de scènes qui, tantôt par la vio­lence et la déri­sion, tantôt par l’humour, le déca­lage ou l’explo­sion ver­bale créent un poème visuel, spa­tial et sonore qui dérange les règles du théâ­tre, de l’écoute et de la lec­ture. L’impor­tant, dès lors, n’est pas le rap­port au texte mais la viva­cité d’éclats / poèmes tou­jours actifs et pro­vo­cants… »

Jacques-Olivier Badia  Le Clou Dans La Planche.

Adieu, époque contem­po­raine si clai­re­ment évoquée dans Qui vive !, adieu encore dénu­de­ment scé­ni­que, fron­ta­lité, cons­truc­tion cho­ré­gra­phi­que du mou­ve­ment. Psaume est au contraire aussi foi­son­nant que les lan­gues qui le por­tent, théâ­tral, ses fon­da­tions établies sur une mise en scène tri­fide ins­crite dans un espace en arène où le spec­ta­teur n’est jamais invité, sans en être pour autant exclu. Et là-dessus des textes lyri­ques et noirs qu’on dira volon­tiers orphi­ques, célé­brant une nou­velle fois l’union d’Eros et Thanatos dans un sym­bo­lisme touffu.
[…] tous sont bien fils de Pan, par­ta­gés entre l’orgia­que et le mor­tuaire, la fré­né­sie fes­tive et l’immo­bi­lité plom­bée du recueille­ment, unis de sur­croît – et de belle manière – par cette dyna­mi­que si spé­ci­fi­que de la troupe. Pas une minute d’ennui, donc, dans ces pres­que deux heures de crue théâ­trale sans plus de centre que de fron­tiè­res, et lar­ge­ment de quoi nour­rir l’inté­rêt »



A. H.  La Dépêche Du Midi.

« Le Ring, à Toulouse, pro­pose jusqu’au 20 novem­bre « Psaume », mis en scène par Michel Mathieu et joué par sept remar­qua­bles comé­diens.
[…] Tout est ainsi dans ce très beau spec­ta­cle, esthé­ti­que fort et ima­gi­na­tif, « créa­tion col­lec­tive diri­gée », qu’on ne sau­rait que vive­ment vous invi­ter à décou­vrir. »

Les Trois Coups 
 
« La scé­no­gra­phie est phé­no­mé­nale. Littéralement. Si la plu­part du temps, elle nous plonge dans l’ambiance d’une taverne cras­seuse où la bière coule à flot […], sou­dain, sans crier gare, c’est le cata­clysme, et une tem­pête de neige s’abat sur l’auberge. Rien ne doit rester en place. […] Alors, on joue à grande eau ; on patauge, on saigne. On fris­sonne. On souf­fre dans notre chair. « On », c’est aussi bien les sept comé­diens dont l’enga­ge­ment est total que le public exhorté par un dis­po­si­tif scé­ni­que non fron­tal à entrer dans la danse maca­bre, les scènes de liesse popu­laire, les pro­ces­sions, les cru­ci­fixions, les messes, les scènes de genre, les scènes de sexe, de mise à mort… Bref, du théâ­tre vécu in petto, dont on dira ce que l’on voudra sauf qu’il est tiède. »

Article com­plet:  ici

SERGE PEY

“Ce n’est pas au goût du théâ­tre de juger le théâ­tre
Les propos de sty­lis­ti­que vrais aujourd’hui seront faux demain.
Le style, les réfé­ren­ces ne le sont que par rap­port à des arti­sa­nats ou des doru­res d’enca­dre­ment.
Seul le regard, comme un vomi, nous importe qui fait évoluer nos angles afin d’inven­ter des nou­vel­les géo­mé­tries de per­cep­tion.
Pour ce texte de Trakl, je ne juge donc pas une pièce, mais un dia­lo­gue avec la poésie, car la poésie n’appar­tient pas qu’au texte qui n’en est qu’une partie infime, à peine visi­ble. Ainsi, hier, je ne suis pas allé au théâ­tre, mais à une noce de la poésie.
Dialoguer avec Trakl, c’est parler avec la mort, et ceci n’est pas joli ou beau, ou bien fait, CELA EST : sous le cou­teau ouvert d’une cruauté.
Qui donc peut parler d’un poème sans faire un poème ?
Dans ces Psaumes innom­ma­bles, j’ai aimé les pou­bel­les, le jusqu’au bout des poètes sans mots que sont ces acteurs venus des gouf­fres. J’ai aimé les déchets, la coli­que, le corps en feu, les pets des verbes qui ne par­lent pas.
Pas la peine de réci­ter Trakl. Il appar­tient au livre. Il s’agit sim­ple­ment de dis­tri­buer son texte secret au public pour qu’il en fasse son sacri­fice. En avant ! Tuez ! Soyez encore des assas­sins logi­ques ! Soyez inau­di­bles !
Mettre du poème dans le théâ­tre, ce n’est pas réci­ter du poème, c’est explo­rer la méta­phore de la bouche avec ses mains et son ventre. Les tripes sont l’ana­gramme de l’esprit.
Donc pas de voix, mais une immense cla­meur sans dic­tion. Trakl plane au-dessus de nous. Il est heu­reux de nos sui­ci­des de mots.
Le théâ­tre ne sert qu’à faire des trous, sur­tout dans les poèmes. La poésie ne doit pas en reve­nir intacte.
Oui, il s’agit de défi­gu­rer car nous n’avons pas de visage.
Nous avons les psau­mes que nous pou­vons.
Merci pour ce sacri­fice. Merci pour ce don absolu où enfin la poésie peut perdre sa lit­té­ra­ture.”

Gil Pressnitzer  Culture 31

En exer­gue de son spec­ta­cle Michel Mathieu a mis ce vers de Trakl, poète ou plutôt comète poé­ti­que dans le ciel autri­chien :
« Les enfants du gar­dien ces­sent leurs jeux et cher­chent l’or du ciel » (Psaume). Et Michel Mathieu lui aura cher­ché l’or du temps dans sa quête autour de Trakl.

Michel Mathieu a long­temps été fas­ciné par la sombre poésie de Georg Trakl et après avoir lu bien des tra­duc­tions du poème Psaume, il a inter­polé la sienne propre, et l’a placée au centre de son tra­vail avec sa troupe, et il a voulu y adjoin­dre des cor­res­pon­dan­ces avec d’autres poètes (Baudelaire, Handke, Celan, Pavese, Buchner, Nietzsche…)

« C’est un poème que j’aime par­ti­cu­liè­re­ment. Il est très évocateur. Chaque vers est comme une pro­po­si­tion et sug­gère des thèmes d’impro­vi­sa­tion qui per­met­tent la créa­tion d’un jeu, d’une situa­tion. Il n’y a pas d’his­toire. On passe d’un climat à un autre, d’un pay­sage à un autre. Comme dans le poème. » (Michel Mathieu).
Il a d’ailleurs orga­nisé un col­lo­que au Goethe Institut le 14 novem­bre, inti­tulé « Qui peut mieux qu’un poète parler d’un poète ? » et dans lequel ont été invi­tés trois poètes : Jean Daive, Bernard Noël et Antonio Gamoneda. Certes si Gamoneda a parlé de l’influence de Trakl sur ses pro­pres poèmes et Jean Daive de la fas­ci­na­tion de l’empire sur Trakl, thèse bien contes­ta­ble, c’est comme tou­jours Bernard Noël qui, non spé­cia­liste de ce poète, a su lumi­neu­se­ment parler autant de la pièce que du climat propre à ce poète mys­té­rieux et noc­turne.
Mais c’est en voyant l’objet scé­ni­que conçu par Michel Mathieu que l’on peut adhé­rer ou non à cette res­ti­tu­tion de la vio­lence sacrée qui plane sur les mots brû­lants de Trakl.
Le chaos inté­rieur de Trakl se veut tra­duit par le chaos visuel et sonore sur la scène. Tout est visions fron­ta­les ou sug­gé­rées res­ti­tuent le long chant autom­nal sou­vent mur­muré, sou­vent crié de Trakl. Et en fili­grane le der­nier poème de Trakl Grodek, marqué par la bou­che­rie de la Grande Guerre, est pré­sent. Mais les fracas du monde ne sont que l’écho de tous ses fracas inté­rieurs.
Aussi c’est le magni­fi­que poème Psaume, épicentre de ses tour­ments qui struc­ture toute la pièce. Et le texte est dit et redit tout au long. Michel Mathieu prend appui sur le texte de Psaume pour appro­fon­dir son théâ­tre tra­gi­que, déchiré, fait de visions obsé­dan­tes. Il donne pro­lon­ge­ment aux mots en les illus­trant par­fois lit­té­ra­le­ment, et par­fois les inter­pré­tants libre­ment.

[…] Ce texte est par­fois dit par les comé­diens, par­fois à l’unis­son, par­fois en solo, mais il est le plus sou­vent très bien scandé en voix off, et sa ten­sion tra­gi­que sert de récep­ta­cle aux mondes inté­rieurs de Michel Mathieu. Ceux-ci sont mar­qués par le théâ­tre ges­tuel, le lyrisme tra­gi­que, et sa façon de sus­ci­ter des brèves appa­ri­tions d’acteurs dans des éclats de lumière, soit sur des toiles, soit sur du verre dépoli. Les ombres de Wozzek de Georg Buchner, de Gaspard Hauser, de la Fugue de mort de Paul Celan vien­nent tendre la main aux ombres inté­rieu­res de Trakl. L’ombre de la folie plane sur la scène, la neige aveu­glante aussi.

Les paro­les mélan­gées livrent des visions illus­trant les vers par­fois au plus près et par­fois loin dans l’ima­gi­naire. On pour­rait citer lon­gue­ment les séquen­ces de l’homme ivre, celle de la mort du fou, la très belle illus­tra­tion du texte de Peter Handke sur la neige en uti­li­sant des sortes de voiles qui devien­dront le lin­ceul du fou.
Les comé­diens sont dans la pos­ses­sion du texte et des impro­vi­sa­tions qu’ils ont mis en texte. Ils chan­tent des chants popu­lai­res, une ber­ceuse yid­dish, cou­rent, par­tent en transe, met­tent leurs corps en offrande. Bribe par bribe jusqu’au vers final avec les yeux d’or de Dieu aveu­glant la scène, le poème sera dit en entier, redit sou­vent aussi, comme un accord noc­turne obsé­dant.
Le spec­ta­teur doit se lais­ser empor­ter par la grande suc­ces­sion d’images qui se bous­cu­lent, sans vou­loir tout saisir. La relec­ture du poème lui per­met­tra plus tard d’appré­cier la richesse de la mise en théâ­tre des mots de Trakl. Certains moments très forts comme les danses guer­riè­res et les tam­bours, la las­ci­vité des femmes, et d’ailleurs les nym­phes quit­tant la forêt devien­nent chez Michel Mathieu des pros­ti­tuées. Car la pour­ri­ture est pré­gnante chez Trakl et aussi la malé­dic­tion de la chair, que la quié­tude de l’invi­ta­tion au voyage de Baudelaire ne peut effa­cer.
Le chemin de croix du pauvre Gaspard Hauser, “ l’étranger issu d’un autre vil­lage”, est l’occa­sion d’un pam­phlet anti­ra­ciste et la simple évocation du verre d’eau refusé suffit à cela, la cru­ci­fixion sur le détour­ne­ment des quatre sai­sons de Vivaldi étant redon­dante, malgré les gerbes d’étincelle déployées.

L’appa­ri­tion du fils de Pan est le pré­texte à des scènes sen­suel­les, pas assez cho­ré­gra­phiées sans doute. Et la sil­houette du ter­ras­sier sur des mots de Pavèse en ren­fort est ter­ras­sée de la cha­leur de midi et des bou­teilles vides dépo­sées à ses pieds est forte. Le vapeur appor­tant la peste a son écho dans la bande-son et revient sou­vent. On pour­rait vers à vers décli­ner le tra­vail du met­teur en scène, qui rend pal­pa­ble, tout en inter­pré­tant sui­vant ses visions, le texte, en le pro­lon­geant à la lumière de l’his­toire et de la sienne, ainsi ce caba­ret ber­li­nois, l’auberge, les peti­tes filles en gue­nilles, la chaîne des ruines humai­nes, le sif­fle­ment des ser­pents, la très belle image des orphe­lins en ombre chi­noise sur une ber­ceuse du ghetto. Il vaut mieux citer l’appa­ri­tion obsé­dante de la sœur, étrangère et si proche, qui s’incarne dans une sorte de danse sacrale. Bien des scènes sont pre­nan­tes, d’autres moins, car com­ment illus­trer la musi­que enfuie des accords, ou faire signi­fier la scène du bar­bier et des jour­naux ?
Michel Mathieu se sou­vient en clin d’œil de ses ori­gi­nes et convo­que la bière avec le grand Jacques.

Certes une cer­taine crainte nous avait pré­cé­dée avant ce spec­ta­cle, car pour nous nous pen­sions que le poème de Trakl cela ne pou­vait être tra­duit théâ­tra­le­ment. Mais le spec­ta­cle, mis en scène par Michel Mathieu, est fas­ci­nant et convain­cant. Il appro­fon­dit les mots de Trakl, et mille visions vont désor­mais accom­pa­gne sa lec­ture. Cette lec­ture char­nelle de Psaume est une réus­site poé­ti­que pre­nante, émouvante, sur­tout avec cette montée finale par le chœur disant magni­fi­que­ment la Fugue de mort de Celan sur Auschwitz, car il y a une pré­mo­ni­tion des désas­tres à venir chez Trakl, avec l’irrup­tion aveu­glante des yeux d’or de Dieu.
Bâtir ainsi tout un spec­ta­cle sur la poésie mérite notre admi­ra­tion, même si nous pou­vons avoir d’autres images sur­gis­sant de ce texte.
Michel Mathieu ne dévie pas de son éthique, de son esthé­ti­que,de ses recher­ches, de ses illu­mi­na­tions, de ses innom­bra­bles trou­vailles, aidé par une troupe valeu­reuse qui sait incar­ner ses visions. Il garde la lampe allu­mée pour conju­rer les nuits qui s’appro­chent. Et ses déam­bu­la­tions oni­ri­ques autour d’un grand texte, avec ses som­bres ren­contres, ses moments éclatants aussi, sont un grand pro­lon­ge­ment poé­ti­que au texte de Trakl.

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