Terra Incognita

Création 2015
Conception, texte, scénographie,
mise en scène : Michel Mathieu
Assitante : Marie-Angèle Vaurs
© photos : Visages vagabonds
Distribution
Avec : Julie Castel-Jordy
Julien Charrier, Diane Launay
Orens Mallard, Michel Mathieu,
Xristine Serrano, Sofie Sforzini
Création sonore, vidéo : Arnaud Romet
Régie générale et création lumière : Alberto Burnichon
Construction : Basile Robert, Philippe Artois
Costumes : Odile Duverger
Remerciements à Fabien Le Prieult, Gil Pressnitzer, Basile Robert et Philippe Artois
Partenaires
Conseil Régional de la Haute-Garonne
Conseil Départemental de la Haute-Garonne
Mairie de Toulouse
A propos du spectacle
« La face cachée des choses…
A l’aube d’un théâtre nouveau Stanislas Wietckievicz, qui cherchait le chemin de la « forme pure » écrivait à propos de sa réalisation scénique, qu’il ne s’agissait simplement que de mettre le cerveau d’un fou sur la scène.
Le fou dont il s’agit ici est moi-même.
Notre pensée, dès que l’on éloigne la sentinelle du conscient, vagabonde ; elle allie souvenirs, formes concrètes et impressions fugaces, obsessions profondes comme injonctions du présent dans une sarabande qui trouve dans le rêve sa plus pure expression.
Ce jeu à saute-mouton dans les territoires du sensible, le surréalisme l’a pratiqué dans la poésie, la peinture, le cinéma, mais peu le théâtre, même si bien plus tard des artistes comme Bob Wilson ou d’autres s’y sont risqués.
Nous allons donc tenter cette exploration en lui permettant tout son arbitraire. » Michel Mathieu
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Extraits de presse
[Serge Pey – 26 octobre 2016]
Terra incognita : un chef d’œuvre du poème sans mot
Terra incognita est un des plus beaux poèmes sans mot que j’ai lu dans la nuit obscure du théâtre. Un poème qui m’écrit avec ses couteaux en arrachant des mots, un à un, de ma gorge. Le Théâtre de l’Acte reste incontestablement, depuis sa création, le théâtre du poème. En inventant sans cesse le mythe de notre propre vie, il est un théâtre de la vie. Il est l’écriture incarnée et le corps ressuscité de ce que le poème de nous dit de faire.
Chaque mot, chaque geste, chaque lettre, se mue en un verbe majuscule qui met à mort le spectateur et la poésie qui dévore ainsi son propre spectacle. Voix, corps dénudé, érotisme cosmique, subversion des situations, pureté des hasards, pornographie sublime, ici les plus petit gestes du quotidien se bouleversent et se muent en légende pour nous raconter ce que nous ne voyons pas, mais que nous attendons. Terra incognita est un mouvement de parole et de corps, mais aussi de guérison. Il est la porte étroite, la blessure, le trou infini où nous pénétrons avec ce que nous ne savons pas de notre propre poésie et la réveille.
La splendeur de la scénographie de Michel Mathieu n’est pas celle de la beauté commune, mais celle chère à Artaud du double du théâtre.
Terra incognita est un théâtre de la folie, un théâtre de fous créé par des fous pour des fous. Ici pas de public et dépassement des ateliers de l’expression, mais l’expression d’un laboratoire qui est à la fois celui du travail et celui de la prière. Ici cette folie qui sait mettre ses inconscients dans les vases communicants de la tradition. Un théâtre aussi, avec des acteurs qui ne le sont plus à force de l’avoir été et qui nous permettent de jouer, nous les spectateurs qui ne le sommes déjà plus à force d’avoir joué ce rôle. Pas de distance mais la même orgie.
Non une pièce dont nous vomissons le nom de pièce au nom d’un nouveau théâtre, mais la prolongation d’un poème que nous écrivons ensemble, acteurs et spectateurs détruits par le poème lui-même, dans un dépassement sublime.
Terre incognita est dans la longue lignée des œuvres inclassables et de la signature de son fondateur mythique Michel Mathieu. Un aboutissement majeur.
Avec ses acteurs, dignes de ce nom d’acteurs, nos complices de la poésie en acte : Marie-Angèle Vaurs dans la manipulation de l’invisible ; à l’incarnation des métaphores : Arnaud Romet ; aux feux et autres fusions froides : Alberto Burnichon ; aux constructions de pantins et de golems: Basile Robert, Philippe Artois, Gil Pretssnitzer, Fabien Le Prieult ; sans oublier les sorcières magnifiques de cette nuit alchimique, même si tous ne sont pas des femmes : Julie Castel-Jordy, Julien Charrier, Diane Launay, Orens Mallard, Christine Serrano, Sofie Sforzini.
Merci à l’Acte d’avoir découvert cette nuit notre terre inconnue, dans le poème qu’ensemble nous récitons et qui parfois nous récite.